vendredi 18 mars 2011

Je me souviens3

La Vengeance aux deux visages (Karen Arthur, 1983)

Certains téléfilms américains (a fortiori certaines mini-séries) possèdent le don incontestable d'hypnotiser le spectateur avachi. Ses acteurs ont beau être médiocres, sa photo hideuse, son scénario inepte, on finit toujours par partager, frémissant, le destin tragique de ses héroïnes désemparées. La Vengeance aux deux visages (qui signait alors le baptême cathodique de Karen Arthur après deux essais cinéma  - The Legacy et The Mafu cage - extrêmement intéressants) représente donc la quintessence honteuse de ces sous-produits débilitants dont il est quasi impossible de décrocher, une fois l'intrigue avenue - ici, comment la pauvre héritière défigurée (son mari adultère l'a jetée aux crocodiles !) va goupiller son come back sacrificiel ; on en frétille d'avance, même si le script ressemble un tant soit beaucoup à un pompage glamour du Comte de Monte-Cristo... Je sais, j'ai un peu honte, mais j'aime plutôt ça.

samedi 12 mars 2011

Je me souviens2


Un privé dans la nuit (E.W.Shackhamer, 1978)

Adaptation fleuve (3 fois 100 mn) du chef-d'oeuvre feuilletonesque de Dashiell Hammett Sang maudit (The Dain curse), Un privé dans la nuit, juste édité en DVD français, représente ce que la télévision américaine peut produire de plus mémorable vers la fin des seventies : acteurs charismatiques (le duo James Coburn-Jason Miller, émouvant et savoureux), seconds rôles hauts en couleur (Hector Elizondo, Jean Simmons, Paul Stewart), reconstitution historique (les roaring twenties, décors, photographie, musique) impeccable, intelligence du scénario (faisant s'entrelacer avec bonheur l'intrigue policière retorse et la romance - car il s'agit aussi d'une merveilleuse histoire d'amour) ; résultat : les cinq heures abracadabrantes de ce long jeu de piste mélancolique passent comme une lettre dans le poste, tranquilles, méditatives  (le rythme en est curieusement nonchalant, ce qui n'est pas désagréable), de telle manière que les indécrottables réfractaires aux mini-séries yankee pourraient peut-être tenter une périlleuse expérience, juste une fois, histoire de nous faire vraiment plaisir.

mardi 8 mars 2011

Je me souviens1

Marshall & Simon (Joe Dante & C°, 1991)

Sous ce titre peu aguicheur (spécialité française) se dissimule une vraie perle, la série Eerie, Indiana (19 épisodes de 26 mn), pilotée il y a déjà vingt ans par un Joe Dante déchaîné, c'est-à-dire au meilleur de sa forme iconoclaste. Comme toujours chez cet auteur remonté (les Gremlins 1 & 2, Small Soldiers, The second civil war, Vote ou crève, etc.), le fantastique loufoque est prétexte à un déboulonnage furieux de la société capitaliste occidentale où des mamans souriantes enferment leurs enfants dans des Tupperware géants pour les empêcher de grandir, tandis qu'un distributeur automatique de billets de banque favorise les clients qui lui manifestent un peu d'humanité. Chaque scénario en apparence copieusement brindezingue offre ainsi une réflexion caustique sur nos pratiques quotidiennes, dans la joie et la bonne humeur, au fil d'un casting de guest stars qu'apprécieront les cinéphiles gonzos : Tobey Maguire avant sa piqûre d'araignée, Michael J. Pollard, ex Dirty Little Billy (The Kid) de Stan Dragoti et pote de Bonnie & Clyde, le grand petit Henry Gibson ou l'habitué Dick Miller ; bref, n'ergotons pas - il s'agit du DVD du mois, voire de l'année, pour tout téléphage irrespectueux.